Oupopo

L'Oupopo

Vote utilisateur: 0 / 5

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

L’essentiel de ma pratique d’atelier s’organise autour des démarches pédagogiques auprès de différents publics d’enfants (écoles primaires de Pirmil, de La flèche, du Mans collège de Malicorne, école d’éducateurs formation d’animateurs) et principalement de personnes en situation de handicap particulièrement avec les compagnons de l’Ouvroir : atelier de poterie de l’ESAT ATIS à La Flèche.

Ce travail autour de l’accompagnement a pris particulièrement forme dans une recherche en science sociale à l’Université de la Sorbonne Nouvelle(1) , et se prolonge aujourd’hui dans un travail en réseau avec le Centre Ressource Terre de Nîmes au Foyer Hubert & Pascal…

Parallèlement depuis une dizaine d’années s’est forgée une longue coopération avec l’Espace Faïence de Malicorne autour des actions liées aux rencontres des publics différents et de l’accès à la pratique et l’accès aux œuvres, pour tous.

L’atelier à Chantenay : l’Oupopo, l’Ouvroir de Poterie Potentielle, est à voir davantage comme un laboratoire d’idées, qu’un lieu de production. Il s’y ouvre des possibles qui parfois prennent formes avec l’Ouvroir ; par exemple : réalisation de roses pour la Direction départementale de la Cohésion sociale (DDCS 72), étude de plats pour la société Lactalis

Très rapidement il s’est imposé le fait que pour maintenir une distance avec les ouvrages des personnes rencontrées en atelier, il fallait élaboré mon propre travail. L’Ouvroir est donc devenu aussi un chantier où j’élabore une recherche s’écrivant avec l’argile. Provoquant des démarches en aller retours entre les deux ateliers

 

Que des bols et des boites

Dans mon travail, l’exposition ou la présentation, des œuvres à un public est perçue comme un bornage kilométrique, permettant de marquer le chemin parcouru. Ce ne peut donc pas être un travail abouti qui est présenté, mais un travail de recherche, un travail en recherche.

Je cherche, comme beaucoup d’autres potiers, à fabriquer un creux. Mon travail s’articule sur deux pôles en tension autour de l’idée du creux et du contenant. Je façonne des boites et des bols ou de petites tasses.

Ces boites sans fonction première, souvent trop petite pour contenir, parfois avec un aspect défensif un intérieur rugueux, enferment un secret que nul ne connaît elles sont souvent prises d’assaut par des chimères, ou des monstres… Les bols sont l’antithèse de la boite. Il ne sert pas à enfermer mais à offrir le monde comme dans une cérémonie du thé.

Autour de ce travail sur des contenants enfermant un secret ou offrant le monde, il y a des chimères et des monstres. C’est l’influence d’une autre source de recherche dans un travail en sciences sociales, sur l’altérité et la différence. Ou bien se sont mes monstres intérieurs ressortant parfois de l’enfance qui réalisent l’ascension de mes mondes, ils en sont maintenus à la surface, ou font surface, mais n’envahissent plus mon intériorité. Face au monde la chimère s’y assoit au bord, et interroge le sens de nos existences, lancées dans une course effrénée d’une quête matérialiste… Ou se sont les traces des esprits, mes totems : l’esprit de l’ours du loups, l’esprit du feu, ces entités grimpantes sont alors des éléments de reliance avec le monde, ils ne contemplent plus l’état du monde en s’essayant à son bord, mais l’anime, le protège, le garde…

Les objets sont sortis de leur vocation utilitaire pour devenir autre chose à inventer par le destinataire. Les objets sont envahis par des chimères figures de l’humain interrogeant notre monstruosité, ou des totems qui donnent un sens à l’appartenance au monde.

Bols et boites sont cuits dans des fours archaïques, jouant avec le feu et permettant de renouer avec les éléments. Terre, eau feu air, ainsi se nouent pour construire le contenant d’un micro monde, laissant derrière eux des traces de feu et de fumées, lorsque pièces ont résisté aux chocs thermiques et aux aléas des montées en température non contrôlées (ce qui les rend rares).

Patrick Mahieu
Atelier Oupopo
Le pressoir banal

 

1.Master de formation d'adultes